«Trouver les petits, sélectionner les petits, tester les petits, se repasser les petits». L'avocat général de la cour d'assises de Seine-et-Marne, Yves Jannier, décrit avec simplicité, presque des mots d'enfant, les crimes reprochés aux accusés. Les 10 hommes, âgés de 35 à 69 ans, assis devant lui depuis le 3 septembre, sont poursuivis pour viols, viols aggravés quand les garçons avaient moins de 15 ans, agressions sexuelles et agressions sexuel les aggravées. «On est déjà vingt fois au-delà de l'intolérable», dénonce le magistrat en réclamant aux jurés de Melun des peines allant de cinq à dix-huit années de réclusion criminelle. Les accusés encourent vingt ans. «Je ne sais pas si c'est un réseau, ce qui est important, estime l'avocat général, c'est que ces personnes se connaissent toutes et ont toutes essayé d'assouvir leurs perversions.» Il ne s'agit pas, ajoute-t-il, d'homosexualité, derrière laquelle se réfugient certains accusés, mais d'un «comportement sexuel déviant qui ne fait pas partie de nos normes». La Cour juge des viols et des fellations subis par des jeunes qui avaient parfois 50 ans de moins que leurs partenaires.
L'avocat général devance une défense esquissée par quel ques-uns des hommes : «Il n'y a pas un seul acte consenti dans cette procédure», en rappelant que, même si les enfants sont revenus voir les hommes de leur plein gré, la loi considère qu'en dessous de 15 ans, ils sont trop jeunes pour donner leur consentement. L'avocat général requiert la peine