Pas-de-Calais envoyé spécial
C'est la règle n° 13 de la classe. Elle est inscrite en soigneuses cursives sur le pan droit du tableau: «On ne fait pas de bruit quand la maîtresse est au téléphone ou occupée avec quelqu'un.» C'est une règle importante : la maîtresse étant aussi directrice de l'école, les sonneries résonnent souvent. Celle du téléphone ou celle de la grille d'entrée, fermée à clé, Vigipirate oblige. Alors la directrice fait aussi portier, dans cette école de quatre classes située au coeur de ce bassin minier du Pas-de-Calais où les cités sont encore baptisées du numéro des puits qu'elles bordaient.
Culpabiliser. La directrice ne veut pas qu'on dise qui elle est ni où elle est exactement. «De toute façon c'est partout pareil.» De fait, il existe en France 32 000 écoles où la vie quotidienne du directeur ou de la directrice s'apparente à ce qu'elle vit. Dans ces écoles de moins de cinq classes, les enseignants qui assurent la direction n'ont aucune «décharge» : ils doivent effectuer un temps plein devant une classe et assumer leurs tâches de direction. Au risque de faire mal l'un et l'autre, de culpabiliser pour cette raison, et de s'user les nerfs plus vite que de raison.
Exemple d'un lundi matin comme les autres. En trois heures de cours, quatre interruptions : un chauffagiste, un parent qui apporte un mot d'excuse pour son enfant et un ergothérapeute venu voir un élève. A chaque pause, on sent flotter la classe. La directrice le sait. Elle entre et sort de la sal