Enceinte de trois mois, elle est passée toute seule de «cinq-six» à «deux-trois». Elle ne pense qu'à ça, au nom bre de cigarettes qu'elle fume et surtout à celles qu'elle ne fume pas. Elle y pense dès qu'elle sort de son travail et jusqu'au retour de son mari le soir, quand elle s'isole avec lui dans le petit jardin de leur rez-de-chaussée de banlieue. «J'ai 29 ans, je suis médecin, j'ai déjà une petite fille de 3 ans et j'attends que mes voisins soient couchés pour fumer ! Il y a une telle pression sociale», dit-elle au docteur Frédérique Aubourg. Mardi 17 septembre, Michèle (1) a pris rendez-vous à la consultation de tabacologie de la maternité de l'hôpital Cochin. Sur près d'un millier d'établissements de soins, seule une quinzaine propose une aide spécialisée à l'arrêt du tabac. Dans la salle d'attente, les regards sont tendus. A la cafétéria, une fem me dans une petite robe rouge en gril le une dernière. «C'est pas une consultation avec un bâton derrière le dos, les femmes se culpabilisent bien assez toutes seules, sans compter l'entourage...» Dans cette maternité, estime le Dr Aubourg, «sur les 30 % des femmes enceintes qui continuent à fumer, j'en vois au maximum 10 %. Alors, on n'insiste pas sur les risques».
Bébés plus petits. Selon la première enquête statisti que consacrée au tabagisme chez la femme enceinte rendue publique aujourd'hui lors des «entretiens de Bichat» (lire ci-contre), la plupart des fumeuses ignorent les risques et restent livrées à elles-mêmes, le