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Libération

«Excusez-moi, je suis jugé pour quoi là?»

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publié le 30 septembre 2002 à 1h10

Tribunal correctionnel

de Bobigny

Lassana, 18 ans, est un grand gars, un lycéen qui a cambriolé un pavillon. Pour entasser son butin (ordinateurs, chaînes hi-fi, téléphones, Playstation...) dans le coffre d'une voiture qu'il avait volée, il a demandé de l'aide à des «petits». Et s'est fait arrêter. C'était il y a quatre mois, il avait été laissé libre sous contrôle judiciaire. A la barre, il s'étonne : «Excusez-moi, je suis jugé pour quoi là ?» «Pour le cambriolage et le vol de voiture», rétorque la juge. «Mais le propriétaire de la voiture, il est pas partie civile !», proteste Lassana. La présidente explique : «Ce n'est pas parce que la victime ne se porte pas partie civile que le ministère public ne peut pas déclencher l'action publique.» Lassana en reste coi, une juge traduit : «On peut vous poursuivre même si la victime ne porte pas plainte.» La procureure fronce les sourcils : «C'est un dossier particulièrement désagréable. Voilà un garçon déjà bien au courant de toutes les petites combines ! Et il a demandé à des mineurs de l'aider... Vraiment, c'est le meilleur des exemples à donner !» Elle réclame six mois avec sursis mise à l'épreuve dont un mois ferme et «un mandat de dépôt» pour que Lassana parte ce soir en prison. La présidente chuchote à la procureure : «C'est impossible ! Il comparaît libre, la loi ne le permet qu'à partir de six mois ferme.» Celle-ci se plonge dans le code de procédure pénale et Lassana prend six mois avec sursis mise à l'épreuve. «Le tribunal