Michel Desbordes est directeur de l'Institut des sciences de l'ingénieur de Montpellier. Il est membre de la commission hydraulique de la ville de Nîmes et président du comité scientifique du Centre d'enseignement et de recherche sur l'eau.
Quelle analyse faites-vous des intempéries qui se sont abattues sur le Gard les 8 et 9 septembre dernier ?
On aimerait croire que le niveau des précipitations enregistrées et la violence des crues sont de l'ordre de l'exceptionnel. Ce phénomène s'apparente malheureusement à un mécanisme climatique banal. Assimilable à une minimousson, il survient entre le 1er septembre et la mi-novembre, de manière plus ou moins violente ou localisée. Ce qui a changé, ce n'est pas tant le climat que ses conséquences. Celles-ci sont la résultante des plans d'occupation des sols, des habitudes, de la perte de la mémoire et des flux migratoires. On roule davantage en voiture. On campe sur les berges des rivières. Les habitants étrangers à la région ignorent ces phénomènes. Il n'en reste pas moins qu'un jour ou l'autre le Verdanson à Montpellier sortira de son lit et le Corum trempera dans deux mètres d'eau. Pareil à Nice, où l'on a bâti sur le tracé du Paillon. On criera à la catastrophe. Il faut réussir à faire admettre à la population qu'elle a plus de probabilités de vivre une crue centennale que de gagner au Loto.
Peut-on gérer le risque inondation ?
L'eau emprunte toujours le même passage, déteste qu'on la gêne. Un site qui a été inondé le sera à nouveau. A