Bordeaux correspondance
Une avocate qui réclame le droit d'être aussi musicienne de rue contre le barreau qui entend défendre la «dignité» de la profession : l'audience du conseil de discipline du barreau de Bergerac, lundi soir, a tourné à la mascarade. Me Valérie Faure, qui était accusée de mendicité, a souhaité qu'il y ait publicité des débats. C'est donc au tribunal de grande instance de la ville que l'avocate accordéoniste avait convié ses amis musiciens des rues et la presse. Son défenseur, Gilbert Collard, a demandé qu'elle puisse se livrer à une «reconstitution musicale in situ». Malgré le refus de la présidente du conseil, Me Zarga de Abreu, Valérie Faure, drapée de sa robe d'avocate, s'est lancée dans un concert endiablé après avoir déclaré «subir un abus de pouvoir» de la part de ses confrères, constituant une violation de la «liberté d'expression». La salle était hilare, et les membres du conseil ont quitté la salle...
Obole. Derrière cette affaire, il y a quatre années d'incompréhension mutuelle et de rendez-vous manqués qu'il serait simpliste de vouloir résumer à une raideur «bourgeoise», comme a tenté de le démontrer Me Collard. L'avocate de 42 ans est mariée depuis une dizaine d'années à un musicien, intermittent du spectacle, d'origine bulgare. Pendant son temps libre, Valérie Faure accompagne à l'accordéon son mari qui joue de la gadulka, un violon oriental à treize cordes : «Depuis cinq ans on a monté un duo, dit-elle, et on se produit sur les marchés locaux