Grande-Synthe envoyée spéciale
«Il n'était pas très connu, par ici.» A Coudekerque-Village, les voisins de Joël Damman, le meurtrier présumé de Mohamed Maghara, 17 ans, abattu vendredi soir dans les rues de Grande-Synthe, ne savent pas grand-chose. «On le voyait passer au volant de son camion rouge, un 35 tonnes, il saluait de la main et puis c'était tout. On s'est jamais adressé la parole», dit l'un d'eux. Le chauffeur routier de 45 ans, marié et père de famille, ne rentrait à la maison que les week-ends. Il les passait à retaper la vieille ferme qu'il avait rachetée en ruines, en 1996, dans les Moëres, ces anciens marécages de la plaine flamande, sillonnés par de minuscules canaux, les watergangs. Ici, ceux qui ne sont pas du coin sont repérés dans la seconde et accueillis avec gentillesse. La plus proche voisine de la famille Damman explique : «Ils se sont installés en même temps que nous, en juillet 1996. Je crois qu'ils venaient du Pas-de-Calais. C'était pas comme nous, mon mari est du village d'à côté.»
Coeur lourd. Au début, Joël Damman venait régulièrement demander des outils, puis les visites se sont espacées. «Ça faisait un an et demi que je ne l'avais pas vu. Il ne voulait l'aide de personne : c'était un homme très courageux, en plein hiver on le voyait refaire sa toiture tout seul.» Tous, ils ont le coeur lourd quand ils pensent à la famille, la femme et les trois enfants. Elle, on la connaissait mieux, «à cause des chevaux». Elle s'occupe du centre équestre : l'af