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Libération

«J'en ai quatre qui ne repèrent pas le A»

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Un instituteur juge «simpliste» la brochure du ministère.
publié le 15 octobre 2002 à 1h25

Après six semaines de classe, Dominique a déjà repéré les élèves en grande difficulté. «J'en ai quatre, quatre sur vingt qui ne repèrent toujours pas la lettre a», témoigne cet instituteur de CP dans le XIIIe arrondissement de Paris. Si rien ne bouge et si l'on en croit les statistiques, ces quatre petits de 6-7 ans risquent fort de rejoindre, dans dix ans, la grande cohorte des illettrés. Le problème de Dominique c'est de trouver le moyen de continuer avec le reste de la classe ­ certains sont déjà lecteurs ­ sans abandonner les quatre «cas lourds» et sans «niveler par le bas».

Il prend connaissance avec intérêt de la brochure du ministère et de ses «pistes d'action sur la manière de différencier l'enseignement». Car, en matière d'apprentissage de la lecture, aucune méthode ne s'impose. L'enseignant est libre et il n'est pas rare que, dans une même, école chaque instituteur adopte une méthode différente. A l'Institut universitaire de formation des maîtres (IUFM), Dominique n'a pas appris à apprendre à lire : «On a droit à une réflexion générale sur la lecture mais pas à un enseignement précis de ce que peut être, concrètement, une progression dans l'apprentissage.» Ce qu'il savait quand il a pris en charge son premier CP, Dominique l'a appris en stage auprès d'instituteurs expérimentés. Après cinq ans de pratique, il n'a pas trouvé la recette magique : «Il y a des mots, des messages, des sons. On donne les ingrédients, l'enfant fait ses mélanges et on ne sait pas comment il