On a menti, pendant dix ans. Et Luc Ferry dit enfin la vérité : l'illettrisme serait beaucoup plus répandu qu'on ne l'imagine. Le ministre de l'Education nationale l'a révélé hier en présentant le livret Lire au CP. Ce «document d'aide [aux enseignants] destiné à repérer les difficultés pour mieux agir» n'est pour l'instant disponible que sur l'Internet (1). Il sera enrichi des contributions des enseignants avant d'être publié, en janvier 2003. C'est donc un travail officiellement en chantier, même s'il semble très abouti dans sa forme, qui a été dévoilé hier, prétexte à un retour du ministre sur les fondamentaux de sa politique de «lutte contre l'échec scolaire». Rebaptisé «plan de prévention de l'illettrisme», il se concentrera sur le CP, où se constitue «le noyau dur des élèves en grande difficulté». Outre ce livret et la création de classes de CP de 10 élèves dans 200 écoles, Luc Ferry a promis de «diminuer de 4 000 en deux ans le nombre d'enseignants non formés envoyés dans les écoles primaires» Cette année 6 300 professeurs ont été recrutés sur les «listes complémentaires» qui regroupent les étudiants, qui ont été collés aux concours.
«Normatifs». Mais le ministre est surtout revenu sur les attendus de sa priorité à la «prévention de l'illettrisme». Reprenant à son compte un rapport commandé en 1998 par Ségolène Royal, Luc Ferry estime qu'«entre 21 % et 35 % des élèves entrant en sixième ne maîtrisent pas la lecture et l'écriture». Ces chiffres sont supérieurs à ceux do