Philippe Jaffré, ancien PDG d'Elf, actuel directeur financier d'Alstom, devait se présenter aujourd'hui dans les bureaux du juge Renaud Van Ruymbeke au pôle financier du Palais de justice de Paris. Son audition comme «témoin assisté» a été repoussée sine die. «Simple raison de calendrier», explique un avocat. Le deuxième acte de l'affaire Elf a malgré tout commencé. Le décor est inchangé tour de la Défense, banques suisses, dictatures africaines , mais, depuis deux semaines, le casting est nouveau. Exeunt les Loïk Le Floch-Prigent et Alfred Sirven. Le juge Renaud Van Ruymbeke, saisi d'un réquisitoire supplétif le 8 août dernier, interroge désormais l'équipe des successeurs de Le Floch, des anciens cadres d'Elf, dont certains ont nourri l'accusation durant plusieurs années.
Au détour d'une enquête sur le constructeur de raffineries Technip, Renaud Van Ruymbeke a découvert qu'entre le 22 et le 31 mai 1995, la compagnie Elf-Aquitaine avait versé 140 millions de dollars dont 90 à des intermédiaires pour décrocher une part (de 5 %) dans la filiale nigériane de Shell. Comme ces actifs appartenaient à la compagnie nationale (NNPC), il s'agissait officiellement pour Elf d'amadouer le dictateur général Sani Abacha décédé en 1999. L'acquisition de ces 5 % s'élevant à 515 millions de dollars, le montant des «gratifications» est colossal. Et les juges soupçonnent plus des détournements qu'une erreur économique. Deux intermédiaires, Samir Traboulsi et Ely Calil, ont été mis en ex