Que se passe-t-il dans ces lieux discrets, plantés souvent à l'écart dans des coins de ville, dirigés parfois par des potentats locaux ? On dirait des usines sans bruit. On y fait mille petits boulots, en toute légalité. Peu de regards extérieurs s'y posent. C'est le monde des handicapés au travail. «Leur situation ? Elle est souvent pire qu'au Bangladesh», écrit Pascal Gobry dans un livre réquisitoire, qui sort aujourd'hui, sur la situation des handicapés en France (1). Et en particulier sur le «scandale» du millier de centres d'aide par le travail (CAT), où travaillent près de 100 000 handicapés en France.
«Omerta». A l'heure où Jacques Chirac a décidé de faire de la prise en charge des handicapés une des priorités de son quinquennat, le constat de Pascal Gobry est accablant. L'homme qui le dresse n'est pas n'importe qui. Haut fonctionnaire des finances, administrateur à l'Insee, il a jusqu'à présent davantage travaillé sur les comptes de la nation que sur les faux pas du monde associatif. «Mais là, je n'en suis pas revenu», dit Pascal Gobry en sortant la fiche de paye d'un handicapé. «Regardez ça : le salaire réel, c'est-à-dire celui versé par l'employeur, est à la tête du client. Parfois, l'employeur ne verse que 5 % du Smic. Cela ne lui coûte rien, c'est même moins que le prix de la cantine.»
Pascal Gobry a enquêté longuement, visité des dizaines de CAT, rencontré d'anciens responsables. «C'est un monde opaque, avec une véritable omerta. Les responsables de CAT qui sont m