Girone envoyé spécial
«Mais enfin, vous saviez que ce bateau ne pouvait contenir plus de 80 passagers. Lorsque vous avez vu 141 personnes monter à bord, cela ne vous a pas posé de problème ?» Bartolomé Gayola, 73 ans, cheveux blancs lissés en arrière, cherche une contenance, les yeux levés au ciel, et grommelle une phrase inaudible. Le procureur insiste : «Je n'ai pas bien entendu...» «Non, ça ne m'a pas vraiment inquiété.» Juan José Begué, jeune procureur opiniâtre, mène un interrogatoire au scalpel contre l'accusé, dont les réponses évasives contrastent avec la précision chirurgicale des questions. Au bout de trois heures, le magistrat cache mal son irritation : «Vous reconnaissez ne pas avoir de diplôme pour conduire ce type d'embarcation, ne pas avoir effectué les tests de flottabilité ; vous confessez que les grilles d'aération n'étaient qu'à quelques centimètres de la ligne de flottaison, que les chaises étaient mal arrimées... Tout cela vous paraît-il sérieux ?» Bartolomé Gayola, propriétaire du bateau, ne se sent pas responsable : «Toute la faute revient aux techniciens, ceux qui ont perforé la coque et les grilles d'aération. C'est ça, et rien d'autre, qui a fait couler le bateau.»
Retransmission. Deuxième journée, mardi, du procès du naufrage du lac de Banyoles (Catalogne). Le 8 octobre 1998, au bout de quelques minutes, l'Oca (l'Oie), un catamaran utilisé pour des promenades touristiques autour du lac, avait coulé à pic. Vingt et un retraités de l'ouest de la Fran