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Société générale: le procès trop attendu tourne court

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Quatorze ans après les faits, le dossier montre ses limites.
publié le 8 novembre 2002 à 1h42

Le procès des initiés de la Société générale a sombré dès le premier jour. Cette procédure judiciaire maudite entend statuer, quatorze ans après les faits, sur une affaire embarrassante pour le pouvoir socialiste de l'époque. Entretemps, plusieurs protagonistes sont morts, d'autres sont en fuite ou n'ont pas été poursuivis à cause de diverses bourdes judiciaires, sans compter les non-lieux prononcés faute de preuve (Libération d'hier).

Les quatre ultimes prévenus ­ Samir Traboulsi, George Soros, Jean-Charles Naouri et Jean-Pierre Peyraud ­ sont soupçonnés d'avoir spéculé en 1988 sur cette banque récemment privatisée, alors qu'un raid boursier était en préparation afin de rééquilibrer à gauche son «noyau dur» estampillé RPR.

Principe. Leurs avocats ont attaqué bille en tête sur le «délai raisonnable» dans lequel tout citoyen a le droit d'être jugé. Naouri, 53 ans, a ainsi passé plus du quart de sa vie en examen. Imposée par la Cour européenne des droits de l'homme, cette notion de «délai raisonnable» est désormais inscrite dans les préliminaires du code de procédure pénale, au titre des «principes fondamentaux». Me Georges Kiejman joue donc sur du velours : «Fondamental ne signifie pas youp-la-boum, sinon à quoi bon le placer en tête du code ?»

La procureure Marie-Christine Daubigney tente de sauver les meubles : «Je ne vais pas soutenir l'insoutenable. Je suis d'accord, le délai n'est pas raisonnable.» Mais cela ne saurait annuler l'ensemble de la procédure. Puis elle sème la c