Entre les deux, le CNRS n’a su choisir. Il a donc attribué sa médaille d’or 2002 à Claude Lorius et Jean Jouzel «parmi les scientifiques français les plus cités dans le monde», explique Geneviève Berger, directrice générale du CNRS. Les deux compères, liés par une solide amitié qui dépasse la collaboration scientifique, s’en réjouissent. Ils célèbrent d’une même voix leur discipline, la paléoclimatologie, et le terrain sur lequel ils ont ancré leur réussite : l’Antarctique.
Le pôle froid de la planète, Claude Lorius le rencontre dès 1957. Le jeune thésard s'engage pour une aventure d'une rare intensité : hiverner, dans les 20 mètres carrés de la station Jean-Baptiste-Charcot, avec deux compagnons. Le trio vit en isolement total, dix mois durant, à 320 km de la base Dumont-Durville de terre Adélie. Sur cette expérience fondatrice, le glaciologue va bâtir une carrière brillante, marquée par plus de vingt campagnes sur le continent blanc.
Dans les années 70-80, il devient le chef de file des «polaires» français, dans la grande tradition de Paul-Emile Victor. Il sera l'homme d'une ambition scientifique aux conséquences sociales majeures : lire les archives climatiques enchâssées dans la glace. Epaisse de près de quatre kilomètres, la calotte recèle en effet un enregistrement du passé.
Air fossile. Avec le Danois Willy Dansgaard, dès les années 60, il montre que l'on peut en déduire les températures, à partir des différents isotopes de l'oxygène. Il est persuadé que l'on peut égalem