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Libération

Les vérités successives de Deviers-Joncour

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Elle a encore présenté une nouvelle version des faits.
publié le 13 novembre 2002 à 1h44

Alfred Sirven est une bouée. Une bouée de secours munie de multiples poignées. Dans la grande salle de la cour d'appel, il émerge, fait surface et se rend souvent utile. Il couvre, assume, se tait, c'est selon. Interrogée, hier, Christine Deviers-Joncour a cru pouvoir s'accrocher à la bouée, mais elle a sombré un peu plus dans la confusion. Elle a crié, pleuré, protesté. Et elle a, surtout, changé encore de version. «Un des magistrats instructeurs m'a supplié de noircir Dumas, s'est-elle exclamée. J'étais obligée de le faire, par crainte de la prison. Alors j'ai sorti la clé d'or.» Ou la promesse d'un appartement faite à Roland Dumas par Sirven. Elle pleure. «Non, vraiment, j'en ai marre.» Se frotte les cheveux. «C'est pour ça... J'ai dit tout ça. Il fallait que je leur donne Dumas pour avoir la paix.»

«Travail». Lors de son interrogatoire, mercredi, Alfred Sirven avait remis les pendules de Christine à l'heure. Si elle avait reçu des virements de 14 et 45 millions, c'était pour son «travail» dans l'affaire des frégates vendues à Taiwan. Deviers-Joncour n'y avait pas pensé. En première instance, elle avait soutenu que les 14 premiers millions concernaient justement la «clé en or», l'appartement de prestige censé remercier Dumas de son rôle dans la nomination de Le Floch chez Elf-Aquitaine. Avant encore, elle avait dit que l'appartement était pour Sirven. Désormais, c'est son «travail». «Alfred Sirven m'a parlé d'une clé en or. Mais cette clé en or, ce n'était pas seulement un