Alors que s'achevait vendredi le procès des initiés de la Société générale, les avocats de la défense ont fait preuve d'une touchante sollicitude envers la représentante du parquet : «Vous êtes dans une situation encore plus difficile que nous, obligée de construire une accusation sur du sable, ou plutôt sur ces cendres.» La procureure, Marie-Christine Daubigny, n'est pour rien dans les errements quatorze ans durant de l'enquête, elle a récupéré le bébé en dernière ligne droite.
Plus-values. Avec lucidité, elle requiert le strict minimum contre les trois derniers prévenus de délit d'initié. Pas de peine de prison, «compte tenu du délai écoulé depuis la commission des faits», seulement des amendes : 2,2 millions d'euros pour le milliardaire hongro-américain George Soros, 1,2 million pour l'intermédiaire franco-libanais Samir Traboulsi, 290 000 euros pour Jean-Charles Naouri, ancien ponte de Bercy passé dans le privé. Là encore, c'est tarif minimum, celui de leurs plus-values respectives, alors que la loi prévoit qu'ils peuvent être condamnés au quadruple.
«On n'a jamais la preuve matérielle d'un délit d'initié, admet l'accusation, il faut juger sur un faisceau de présomptions.» On leur reproche d'avoir acheté des actions de la Société générale durant l'été 1988, alors qu'un raid boursier secret était en préparation. Il y a comme un choc des cultures entre des magistrats qui considèrent qu'ils étaient forcément tuyautés et des financiers pour qui ne pas acheter des titres SG