C'est un moment inédit dans l'histoire, déjà longue de plus de vingt ans, de l'épidémie de sida en France. A l'heure où l'on parle de plus en plus de l'effrayant décalage entre les pays du Nord et ceux du Sud, on assiste en France à une augmentation importante du nombre de personnes infectées par le virus, originaires d'Afrique subsaharienne. Des personnes arrivées, pour la plupart, il y a peu. En majorité, ce sont des femmes. Mais toutes vivent dans des conditions d'extrême précarité. «On est face à un phénomène réel et rien ne sert de le cacher», a expliqué, hier, le Pr Gilles Brucker, directeur de l'Institut de veille sanitaire (INVS), lors d'une journée d'information sur le sida au cours de laquelle ont été révélés les derniers chiffres sur la maladie.
D'abord, une remarque méthodologique : les données françaises restent biaisées par l'absence d'un outil de déclaration anonyme des cas de séropositivité. En attendant ce dispositif, les épidémiologistes ont schématiquement deux types d'informations. D'un côté, le nombre de tests de séropositivité utilisés ; de l'autre la comptabilisation des cas de sida, maladie à déclaration obligatoire. Deux sources imparfaites mais qui cernent l'évolution de la situation.
4,3 millions de sérologies. La France reste l'un des pays européens où l'on teste le plus. «Près de 4,3 millions de sérologies à VIH ont été effectuées en 2001», note Françoise Cazein, de l'INVS. Le chiffre le plus élevé d'Europe. Dans le lot, environ 10 000 positifs. Ma