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Libération

Nantes «contrôle» ses Roumains

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Sur 102 personnes arrêtées le 9 octobre, 10 restent incarcérées.
publié le 27 novembre 2002 à 1h54

Nantes correspondance

Une escouade de 280 gendarmes, policiers, douaniers, agents du fisc, interpellent, avec l'assistance de dix traducteurs, 102 ressortissants roumains de Nantes : 66 sont mis en garde à vue, 9 sont incarcérés, accusés de vols à l'étalage. Cette plongée brutale chez les Roumains de la ville, menée par le Groupement d'intervention régional (GIR), a eu lieu le 9 octobre, une semaine avant la venue de Sarkozy. Six semaines se sont écoulées depuis, dix personnes sont toujours incarcérées. Neuf mises en examen pour recel, la dixième est le logeur de la communauté, passible d'hébergement clandestin.

Le GIR avait été saisi par une lettre cosignée du procureur Pierre Foerst et du préfet Bernard Boucault, ancien directeur de cabinet de Daniel Vaillant au ministère de l'Intérieur, qui stipulait : «Devant la recrudescence des vols à la tire et à la roulotte, veuillez contrôler la communauté roumaine.» Ces termes évoquant une rafle, le Syndicat des officiers de police, qui se veut républicain, a réagi violemment : «Ces méthodes rappellent une période historique où les forces de l'ordre interpellaient des gens en raison de leur appartenance à une religion.» Selon le syndicat policier, le GIR a été mené par un lieutenant-colonel de gendarmerie, qui a donné comme instruction : «Frappez aux portes, si un Roumain ouvre, interpellez, après on verra !» Les arrestations auraient été bâclées au point que, toujours selon le syndicat, «les gardés à vue ont été relâchés sans que la