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Libération

La longue histoire des faux électeurs

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La procédure sur la fraude dans le IIIe dure depuis 1989.
publié le 28 novembre 2002 à 1h55

«C'est simple, en France, la justice est incapable de faire sortir une affaire qui pose un vrai problème de fonctionnement politique», enrage un avocat. «Je n'ai aucune nouvelle de cette affaire, mais je ne suis vraiment pas pressé d'arriver à l'audience», temporise un autre. «Si je défends toujours monsieur X... dans ce dossier ? Euh... aux dernières nouvelles, je crois que oui», répond un de leurs confrères. Colère, attentisme, indifférence, voilà les trois opinions les plus répandues parmi la quinzaine d'avocats présents dans l'affaire des faux électeurs du IIIe arrondissement. «Mais pourquoi vous intéressez-vous encore à cette histoire ?», demande aussi l'un d'entre eux. Pourquoi, effectivement, lorsque se profile le quatorzième anniversaire de la plainte initiale, déposée en janvier... 1989 ?

130 interrogatoires. Sans doute parce que le récent procès de la Société générale a mis en avant de manière presque indécente l'écart entre les moyens déployés par une enquête, l'intérêt médiatique et l'aboutissement judiciaire. La réalité chiffrée de cette affaire est impitoyable. Après 13 ans de procédure, 130 interrogatoires, 20 perquisitions, 11 mises en examen, 4 juges d'instruction successifs, le tribunal correctionnel de Paris vient de juger 3 prévenus pendant 5 demi-journées, et le parquet, après avoir requalifié à la baisse certains faits, a requis des amendes. Le bilan de l'affaire des faux électeurs sera sans doute proche, et l'on imagine difficilement le sens qu'un évent