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Libération

Albana, celle qui a dit non

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Le mécanisme de la prostitution de l'Est à travers un procès exemplaire.
publié le 29 novembre 2002 à 1h56

Lyon de notre correspondant

La justice lyonnaise a condamné hier un proxénète albanais à dix ans de prison ferme. Une peine lourde, mais l'homme avait déjà été condamné, il y a moins de deux ans, pour les mêmes raisons. Fait rare, c'est l'une de celles qu'il avait contraintes à se prostituer qui a fini par le dénoncer, lors de l'audience, le 5 novembre 2002. «Oui, a-t-elle reconnu, il était bien mon proxénète.» Depuis, elle se cache. Car rien n'est fait en France pour les femmes qui trouvent la force de se détacher de leur souteneur. Relaxée d'une poursuite pour complicité de proxénétisme, Albana reste sous le coup d'une procédure pour séjour irrégulier. Expulsée vers l'Albanie, elle risquerait de s'y faire tuer, par vengeance.

Albana a quitté son pays en compagnie d'Alket Balla. Il l'avait séduite et conduite en Italie, où elle a commencé à se prostituer pour lui. Puis l'homme a été condamné à sept ans de prison en Italie, pour proxénétisme et viol d'une mineure de 12 ans (1). Ils ont alors rejoint la France, où Albana a découvert les trottoirs lyonnais, il y a quatre ans.

Coups de fil. Une première fois, les policiers ont fait tomber Balla, qui faisait également travailler d'autres filles, embobinées comme Albana. Condamné en janvier 2001 à six ans de prison pour proxénétisme aggravé, il a quand même continué, en prison, à faire travailler des femmes et à gérer ses prospères affaires, par téléphone, utilisant les coups de fil que l'administration pénitentiaire autorise. Manoe