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Libération

L'accusé suicidaire acquitté

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Il s'était jeté dans la Seine, pendant son procès à Rouen.
publié le 2 décembre 2002 à 1h58

«Il pleurait à la barre, il n'arrivait pas à parler, il n'était pas très bien depuis le début de son procès», raconte l'avocat Jean-Marc Florand. Alors, quand son client a entendu, vendredi soir à Rouen, que l'avocate générale réclamait une peine de huit à dix ans contre lui, qui comparaissait libre devant la cour d'assises, et qui clamait son innocence, il n'est pas revenu au palais de justice après la suspension d'audience. Il est allé se jeter à l'eau. Dominique Bien, chauffeur de taxi ambulancier, âgé de 36 ans, «1,85 m et 100 kilos», est aperçu par un promeneur en train de sauter dans la Seine, à hauteur du quai du Havre, dans le centre-ville. La police retrouve le désespéré coincé près d'une péniche. Vivant, mais refusant de remonter à quai. On l'identifie, et on va chercher son avocat. C'est après une bonne discussion avec Me Florand que l'accusé accepte de sortir des flots glacés. «Je lui ai parlé de ses enfants, explique l'avocat, il en a trois, 5, 10, 15 ans, je lui ai parlé de son épouse. Je lui ai dit qu'il ne pouvait pas les abandonner comme ça. Il est catholique, je lui ai parlé de Dieu qui n'aime pas les suicides. Et aussi que, même s'il était condamné, j'avais calculé qu'avec la peine de prison qu'il avait déjà effectuée, il ne lui restait que 20 à 24 mois à faire.»

Quand Dominique Bien accepte de remonter sur le quai, la température de son corps a chuté à 34 °. Il est ensuite soigné au centre psychiatrique de la ville, où le préfet l'a fait interner d'office.