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Libération

Sangatte : «Ma famille ignoreque je vis comme un chien»

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Certains migrants ont trouvé refuge dans des canalisations.
publié le 6 décembre 2002 à 2h02

Sangatte envoyée spéciale

C'est un alignement de canalisations de ciment blanc, sur le bord d'une route, posées dans la gadoue. A l'entrée des tuyaux, des rideaux de vêtements et de couvertures mouillées. Ils sont 9 à vivre là. Le jour, ils s'accroupissent autour du feu. La nuit, ils se glissent dans les tuyaux glacés. Hier soir, on annonçait 2 degrés. Ali, 17 ans, originaire de Karkouk (Kurdistan d'Irak), sourit, l'oeil malicieux, le visage à moitié caché par sa capu che : «Bienvenue dans notre maison.» Ces migrants sans abri seraient une centaine autour de Calais. Ali est là depuis vingt-cinq jours. Impossible d'entrer dans le centre, faute de badge. Et il n'a pas réussi à se glisser sous la bâche d'un camion pour traverser la Manche : «Les passeurs ont fui en Angleterre» ou sont sous les verrous, en France.

Cache-cache. Les chaussures sont fatiguées, les blousons ne parviennent pas à sécher. Ali : «Savez-vous où je pourrais me laver ? Il y a presque un mois que je n'ai pas pris de bain, et des policiers ont jeté mes vêtements dans les flaques.» Sur une des canalisations, un savon rose et une bouteille d'eau. Dans les bosquets, un peu plus loin, des toilettes improvisées. Par terre, des dizaines de canettes de bière, de boîtes de conserve vides. «Nous sommes résistants», plaisante Ali. Il sait que mardi soir, quelque 80 de ses compatriotes ont réussi à négocier l'entrée dans le centre de Sangatte, et la délivrance d'un badge, le sauf-conduit probable vers Londres. En attenda