Tout ça pour ça. Un hôtel entier réquisitionné pour servir de centre de rétention, des forces de police en nombre impressionnant, des juges statuant quarante-huit heures durant, jusqu'à très tard dans la nuit, un bataillon d'avocats mobilisés. Et surtout, cinquante-six Roms, pères, mères et enfants interpellés mardi au petit matin à Rungis et à Choisy-le-Roi (Val-de-Marne), et placés en rétention administrative. Tant d'argent, de temps et de souffrance qui se sont achevés vendredi en bérézina judiciaire.
Toutes les procédures pour d'abord garder les familles en rétention, avant de les renvoyer en Roumanie, sont irrégulières, ont successivement estimé trois juges des libertés et de la détention du tribunal de Créteil. En deux vagues, jeudi et vendredi, les magistrats ont refusé de prolonger la rétention de tous les Roms raflés deux jours auparavant et les ont remis en liberté. Les règles de procédure peuvent sembler arides, mais, dès la première année de droit, les étudiants apprennent qu'elles sont garantes des libertés. Déjà, pour vice de forme, d'autres juges avaient annulé les procédures concernant vingt-huit Kurdes interpellés à Cherbourg en août et trente et un Bulgares arrêtés en novembre à Bordeaux. Le ministre de l'Intérieur, avocat de métier dans une autre vie, semble avoir oublié les principes élémentaires du droit, puisqu'exaspéré, il s'indignait vendredi de ces décisions judiciaires qui, selon lui compliquent la tâche de ses services : «Ce qui est en cause, c'est