Une partie du mouvement lesbien est en guerre ouverte contre «le pouvoir gay hégémonique et normatif» qui sévirait à Paris, notamment à l'Hôtel de ville. Les accusations de «misogynie antiféministe» visant des gays «dominateurs, fonctionnant par copinage» provoquent en retour celles de «lesbiennes hystériques enfermées dans une perpétuelle victimologie». Objet de cette poussée phobique : le futur Centre d'archives et de documentation homosexuel les, qui vient d'obtenir une subvention de 100 000 euros de la municipalité.
Remontée. Deux lesbiennes historiques, chercheuses incontournables du mouvement, Marie-Hélène Bourcier et Marie-Jo Bonnet accusent la mairie et le promoteur du centre, Jean Le Bitoux, d'avoir exclu les lesbiennes du projet. Elles dénoncent la composition du comité de pilotage : 5 femmes sur 59 participants. Elles pointent la bibliographie qui ne fait référence qu'à deux ouvrages rédigés par des femmes, l'un américain et l'autre traitant de l'homosexualité masculine. Elles ont aussi du mal à digérer un passage de la présentation : «Il est probable que, dans un premier temps, le fonds d'archives concernera majoritairement l'homosexualité masculine pour des raisons historiques.» Marie-Hélène Bourcier a lancé une pétition qui a déjà recueilli 700 signatures, dont celles d'Act Up, de la coordination lesbienne, d'élues vertes de la capitale. Marie-Jo Bonnet a écrit une lettre très remontée à la première adjointe, Anne Hidalgo, chargée de la parité : «Il n'est pas no