François Dieu est maître de conférence de science politique à l'université des sciences sociales de Toulouse où il dirige le DESS «Sécurité, police et société». Il est l'auteur de la Gendarmerie, secrets d'un corps, (éditions Complexe, 2002).
Une gendarmerie par canton, est-ce un modèle dépassé ?
C'est un maillage qui remonte au XVIIIe siècle : un édit de 1720 a sédentarisé la maréchaussée en créant 565 brigades implantées sur l'ensemble du royaume. Ce maillage a évolué pour aboutir aux 3 500 brigades actuelles. Et la gendarmerie est organisée comme une toile d'araignée : elle est aujourd'hui un peu piégée. Cette institution n'a pas la capacité, elle-même, de faire évoluer son organisation territoriale.
Que pensez-vous de la communauté de brigades ?
Faire travailler ensemble des gendarmes de deux ou trois brigades dans une même entité territoriale, qui peut par exemple être un «pays», est une très bonne chose. Mais cette mesure a été engagée à défaut d'une véritable réorganisation territoriale, pour laquelle la société française n'est pas encore prête. Au début des années 70, le pouvoir politique avait tenté en vain de procéder à des fusions de communes. Il avait alors engagé un processus d'intercommunalité pour aboutir aux communautés de communes. La gendarmerie emprunte la même démarche, les fusions de brigades ne paraissant pas possibles au regard des résistances des élus locaux.
Le gendarme et le citoyen se sont-ils éloignés ?
Le gendarme d'aujourd'hui est issu pour l'essentie