Lille correspondance
«Nous crions à l'erreur judiciaire.» Françoise Leblanc a des sanglots dans la voix. Son mari, Jean-Michel, est en détention préventive depuis dix mois, soupçonné du meurtre de son beau-frère, Eric Calers. «On a tué mon frère, j'ai vu partir mon mari encadré par les gendarmes. Ma belle-soeur est sûre qu'il est coupable, elle ne veut plus voir mes parents, qui soutiennent à 100 % Jean-Michel. On se sent vraiment tout petit dans ce grand malheur, on ne sait plus à qui s'adresser.» Françoise vit au rythme des demandes de remise en liberté, refusées les unes après les autres.
Pneus crevés. L'affaire commence le 2 novembre 2001. Eric Calers, 40 ans, ouvrier à la Cristallerie d'Arques, rentre chez lui, à Busnes, un village du Pas-de-Calais situé près de Béthune. Il est environ 21 heures ; la nuit est déjà tombée. Il s'aperçoit que sa Renault 11, garée devant chez lui et qu'il a mise en vente, a les pneus crevés. Il ressort pour examiner le véhicule. Il tarde à revenir. Sa femme part à sa recherche et le trouve mort, abattu d'une balle dans le dos. D'importants moyens sont déployés, avec la création d'une cellule «Eric». Mais l'enquête piétine pendant quatre mois. Eric Calers est un homme sans histoires et sans ennemi connu. A tel point que le bruit court qu'il est tombé dans un guet-apens imaginé pour un autre. Ce n'est pas l'avis des enquêteurs. Françoise Leblanc soupire. «Au départ, les gendarmes disaient que c'était un drame familial.»
Mi-février, ils trouvent