Il peaufinait et corrigeait, depuis quinze jours. Yves Bot, le procureur de la République de Paris, a finalement signé vendredi le réquisitoire de l'affaire Elf, annoncé fin novembre. Le document fait 1 300 pages et il résume les charges retenues par le parquet de Paris contre trente-sept mis en examen. Il contient 320 tomes de procédure, huit ans d'enquête feuilletonnés par la juge Eva Joly, seule d'abord, puis avec Laurence Viechnievsky, et enfin par Renaud Van Ruymbeke, pour sa conclusion. Le réquisitoire devait être transmis, vendredi soir, au magistrat, sous forme d'un CD-Rom. Le parquet de Paris n'a rien laissé filtrer, hormis la réquisition attendue d'un non-lieu pour Charles Pasqua, soupçonné d'avoir utilisé les avions d'Elf.
Argent noir. Renaud Van Ruymbeke doit désormais rédiger son ordonnance de renvoi. Une salle d'audience est déjà réservée de mars à juin prochain, pour le grand procès de l'argent noir. Les très ardus tableaux financiers transmis par la justice suisse seront projetés sur écran. Un logiciel a été acheté, et le président aura même une règle lumineuse pour désigner le parcours des flux financiers. «Un magma inextricable», selon un avocat.
Des comptes, des noms de code et des paradis fiscaux à n'en plus finir. L'envers de la multinationale, et surtout ses dérives. De tous ordres. Le premier faux pas, visible, de l'ancien PDG Loïk Le Floch-Prigent avait été de renflouer le groupe textile Biderman à hauteur de 800 millions de francs et d'accepter que