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Libération

«Comme j'avais vu la police, j'étais sur le trottoir en face !»

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publié le 16 décembre 2002 à 2h09

Tribunal correctionnel

de Rouen

Nourredine secoue la tête dans tous les sens : «Vous pouvez parler, je ne suis pas là pour observer vos mouvements de tête !», s'impatiente le président. Et il poursuit : «Vous avez déjà été condamné ?» Silence. Il répète, soupire et lit les six condamnations pour vols ou violences : «Pourquoi êtes-vous à la maison d'arrêt d'Evreux ? Vous me parlez, s'il vous plaît ! Je vous parle, je suis poli !» Nourredine chuchote : «Outrage, deux mois.» «Outrage à qui ?», reprend le président. «A personne», murmure Nourredine. «Voilà, siffle le juge, le tribunal a décidé comme ça... Vous racontez n'importe quoi.»

Il y a dix mois, Nourredine est passé près d'un surveillant de la prison d'Evreux et lui a planté un stylo Bic dans le cou. Envoyé à l'hôpital psychiatrique, il s'est évadé, et en son absence, il a été condamné à un an de prison. «Vous vous souvenez de ce coup de stylo ?» Nourredine, regard vide, a l'air d'une momie. Le juge est exaspéré : «Monsieur ! Je vous parle ! Vous me regardez ! C'est la moindre des politesses !» Le procureur réclame un an. L'avocate est ennuyée : «Je n'ai eu aucune explication. Rien. Je crois sincèrement qu'il faut ordonner une expertise psychiatrique !» Six mois de prison.

Maintenant, dans le box, c'est Bruno, un petit homme à l'oeil poché. Sa compagne le regarde, éplorée, une petite fille sur les genoux. A six heures du matin, les policiers l'ont trouvé à côté de sa voiture, devant un magasin de décoration : dans le coffre e