En tête du cortège, il y a les filles de France prostitution. Elles craignent d'aller en prison à cause de leurs activités. Elles ont écrit : «Les traditionnelles revendiquent le droit de rester dans la rue.» Certaines portent des masques blancs. En queue du défilé, les militants de Ras l'front : eux aussi portent des masques blancs avec les inscriptions «chômeur», «squatteur», «fraudeur». Ils sont enchaînés.
Hier, ils étaient un peu plus d'un millier à l'initiative du réseau Résistons ensemble, partis de la Gare du Nord à Paris, pour protester contre les lois Sarko. Dans cette manifestation étirée, c'est chacun sa paroisse. Un photographe note : «Les gens sont compartimentés, comme dans le langage de Sarkozy.» Donc, il y a entre autres : des sans-papiers, des sans-emploi, des sans-domicile. Un sans-abri a écrit sur son carton : «SDF, fille de joie, 2003, même combat.» Et puis, aussi le Mrap, Attac... une poignée d'éducateurs de la PJJ derrière leur affiche «Non au racisme antijeunes» qui s'inquiète de la lourdeur des peines pour les mineurs. Des teufeurs se déhanchent derrière une sono tonitruante. Une dame tient à bout de bras un filet de pêche: «C'est pour attraper les cons !» Maurice Rasjfus, de l'Observatoire des libertés publiques lâche : «Ce n'est pas encore Vichy, mais cela commence à y ressembler.» Des chauffeurs de bus klaxonnent en signe de solidarité. Un homme crie du premier étage qu'il veut dormir. Un autre a écrit à sa fenêtre : «Celui qui exclut s'exclut !