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Libération

Il est 23 heures, Colombes ferme

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Balade dans les bars de la ville, après le couvre-feu décrété par la mairie.
publié le 17 décembre 2002 à 2h10

«C'est con, c'est con, c'est très con», répète Ahmed, le patron du Rendez-vous des artistes, un estaminet de Colombes, dans la banlieue parisienne. Il n'a reçu aucun courrier officiel. C'est dans le journal, le 5 novembre, qu'il a appris l'arrêté de fermeture des bars à 23 heures décidé par Nicole Gouéta, maire UMP (Libération du 5 décembre). Elue en mars 2001, après 35 ans de gauche à dominante communiste, la nouvelle maire affiche une obsession sécuritaire qui l'a conduite tour à tour à ordonner un couvre-feu pour les moins de 13 ans, à mettre en place une brigade de «sécurité de proximité» et un réseau de caméras de vidéo-surveillance.

Jusqu'à présent, c'était 2 heures du matin l'heure limite fixée par le préfet pour les Hauts-de-Seine. Mais chaque commune est libre sur son territoire. «A 23 heures, l'été, il y a encore du soleil ici», dit Ahmed, 63 ans. Son bar, une auberge proprette aux fenêtres à petits carreaux, est situé dans une rue de pavillons minuscules qui borde l'hôpital et son parc. Les soirs de week-end, un chanteur de raï vient parfois faire danser les dames de la cité des Grèves. Et les soirs de ramadan, les hommes passent boire un coup en douce, «par respect pour leur culture et leur famille», précise Shérif, un habitué.

Tranquillité. Ce mercredi soir de décembre, ils ne sont que trois au Rendez-vous. Kaci, 30 ans, est assis à une table. «Moi, je ne sors pas de Colombes, je vais du parc de l'Ile-Marante à la salle de sport et au café, tranquille.» Ali, grain