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Libération

Vincent, le jeune homme qui réclame le droit de mourir

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Sa lettre à Chirac relance le débat sur l'euthanasie.
publié le 18 décembre 2002 à 2h11

Elle habite seule dans un petit studio, près des établissements héliomarins à Berck (Pas-de-Calais). Et tous les jours, depuis deux ans, elle rend visite à son fils à l'hôpital. Vincent Humbert a 21 ans. Il est paralysé des quatre membres. Il ne peut communiquer qu'en activant son pouce droit sur la main de son interlocuteur, depuis son accident de la route en septembre 2000. Conscient mais immobile, sans voix et presque aveugle. Vincent veut mourir : il vient de l'écrire au président de la République.

Le centre héliomarin est un monde à part, douloureux, spécialisé dans la rééducation des grands blessés. Il y a là un nombre important de victimes d'accidents, souvent dans le coma. Certains se réveillent un peu, parfois plus. D'autres demeurent des mois et des mois dans un état dit «végétatif chronique». Des histoires impossibles, toutes singulières. «On ne comprend pas encore bien le coma, ni même les différents niveaux de conscience», disaient récemment des experts à l'occasion d'une conférence de consensus sur la prise en charge de ces malades.

«Petites phrases». Vincent, lui, est conscient. «Je suis souvent à Berck, raconte Pierre Leduc, rédacteur à Montreuil Hebdo, un journal du département. Dans une conversation, une dame m'a dit qu'elle connaissait une mère dont le fils était paralysé et qu'il demandait à mourir.» Le journaliste a enquêté : «J'ai contacté cette femme. Elle en a parlé à son fils, c'est comme ça que je suis allé voir Vincent à l'hôpital.» Vincent qui n'en