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Libération

«10 000 km et les 40 derniers si longs»

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publié le 23 décembre 2002 à 2h14

Calais envoyée spéciale

C'était lundi dernier, derrière le parking d'Auchan-Calais. Vers 9 heures, les bulldozers sont arrivés pour combler de remblai les blockhaus cachés entre les étangs de gibier d'eau, où des dizaines de Kurdes avaient trouvé un abri de fortune depuis des semaines. Des journaux avaient rendu compte, des caméras avaient filmé. «Avec complaisance», a estimé le préfet du Pas-de-Calais, Cyrille Schott. Lundi matin, les bulldozers sont arrivés en même temps que les CRS. Les Kurdes ont détalé. Les murs du hangar de Sangatte tombent aujourd'hui, mais eux sont toujours là. Des hommes jeunes pour la plupart, parfois mineurs, surtout Kurdes d'Irak, Afghans, Iraniens. Ils tentent toutes les nuits leur chance au port, sur les sites ferroviaires, les aires d'autoroute, direction l'Angleterre. Grimper dans un conteneur, ou se glisser sous le châssis d'un camion ne les arrête pas. Le froid, la faim, la pluie, le manque d'hygiène, les rondes de police et la violence des passeurs non plus. Ils sont entre 100 et 200, selon les jours. Sans la logistique des humanitaires, le collectif de soutien d'urgence aux réfugiés (C. Sur), et une poignée d'habitants discrets, ils seraient sans toit, sans nourriture et sans soins.

«England, finish !» Sangatte n'existe plus, mais un dispositif informel se met en place dans la ville. Les repas, l'infirmerie et les demandes d'asile sont installés près de la gendarmerie. Les vêtements, le médecin, sont à l'église Notre-Dame. Et, depuis peu, d