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Libération
Interview

«De la fête à la de-fête»

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Le sociologue Gérard Mermet analyse nos modes de vie.
publié le 25 décembre 2002 à 2h15

Depuis vingt ans, le sociologue Gérard Mermet, avec sa Francoscopie, décrypte les modes de vie des Français et leur évolution dans les différents domaines de leur vie professionnelle, familiale, personnelle ou sociale. La dernière édition 2003 de ce baromètre décrit des Français sérieusement dégrisés face au progrès.

Avez-vous constaté de grands changements dans le comportement des Français ces deux dernières années ?

Nous sommes passés des jours de la fête à la «dé-fête». Entre 1998 et 2000, c'était l'euphorie, le changement d'année, de millénaire, la victoire de la Coupe du monde, la nouvelle économie.ÊDepuis 2001, nous sommesÊentrés dans les lendemains de fête, avec la récession, la déprime technologique, la reprise du chômage, le sentiment d'insécurité, le 11 septembre. Et, de façon plus anecdotique, la défaite de l'équipe de France. De sorte que les Français se trouvent dans une situation très inconfortable où la visibilité est minimale ­ personne n'est capable de dire à quoi va ressembler 2003 ­ face à un risque qui apparaît comme maximal ­ la guerre contre l'Irak, les actes terroristes, etc. Avec le 11 septembre, les Français ont aussi découvert qu'il n'y avait plus de limites infranchissables.ÊOn ne pensait pas non plus qu'on puisse tenter, dans la France d'aujourd'hui, d'assassiner un président de la République en exercice, ou même, dans un autre registre, que la Bourse puisse s'écrouler aussi fortementÊet durablement.

C'est une période de rupture ?

Oui, en même temps q