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Libération

La peur de l'attentat démultiplie les rumeurs

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L'histoire du «terroriste au grand coeur» revient pour les fêtes.
publié le 27 décembre 2002 à 2h16

Elle court, elle court, la rumeur qui fait peur. Elle met en scène un Arabe qui laisse tomber son portefeuille. Dans le métro, un magasin ou une rue. A Paris, à Nancy ou à Lyon. Une dame le ramasse et le redonne à son propriétaire. Alors, le Maghrébin barbu remercie l'âme charitable : «Comme vous êtes gentille, je vous déconseille d'aller dans les grands magasins le 15 décembre.» Ou de prendre le métro ce week-end là. Ou d'éviter le parvis de Notre-Dame-de-Paris, les Champs-Elysées, la Défense. Ou encore de ne pas aller à la gare de la Part-Dieu à Lyon. L'origine de l'homme et le conseil averti résonnent chez les gens comme une menace d'attentat.

Source. Ainsi, la femme d'un chauffeur d'une entreprise de Rungis trouve le portefeuille rempli d'argent dans le centre commercial de Val-d'Europe et le restitue à un Arabe désespéré qui cherche son bien. Elle le reconnaît grâce aux photos sur ses papiers d'identité. En échange, il lui indique «de ne pas se trouver là le samedi 14 décembre». Inquiète de l'étrange confidence, la dame alerte le poste de sécurité de Val-d'Europe qui l'aiguille sur le commissariat. Là, elle reconnaît sur fichier... un «terroriste très recherché» d'Al-Qaeda. «La rumeur a évolué au sein de l'entreprise, explique le patron. Ce n'était plus le même lieu, plus la même femme, mais une amie ou une autre. En tout cas, les 100 salariés ne sont pas allés faire leurs courses à Val-d'Europe les 14 et 15 décembre, ça fait mal au commerce.» La rumeur fait le tour de F