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Libération
Interview

«La réinsertion complètement délaissée»

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publié le 27 décembre 2002 à 2h16

Nicolas Blot est secrétaire général de l'USM (Union syndicale des magistrats). Il est substitut du procureur au tribunal de Bobigny.

Comment expliquez-vous la hausse des incarcérations, les magistrats sont-ils devenus plus répressifs tout à coup ?

J'y vois plusieurs causes. Et d'abord un effet mécanique avec l'augmentation de la délinquance constatée depuis plusieurs années. Mais on a aussi changé de logique, nos concitoyens souhaitent plus de sécurité et les hommes politiques, après avoir dénoncé le «laxisme» de certains magistrats, nous ont expliqué qu'il fallait plus d'incarcérations. Et les magistrats qui jugent au nom du peuple français ont suivi cette tendance. Cela s'est notamment senti à travers la hausse des détentions provisoires prononcées par les juges de la liberté et de la détention. C'est extrêmement préoccupant, puisque dans les maisons d'arrêt on arrive à un taux courant de surpopulation de 126 %, qui peut atteindre même 200 %. C'est-à-dire deux fois plus de détenus qu'il n'en faudrait.

Croyez-vous que le programme de construction de prisons va y remédier ?

Ce qu'a prévu le garde des Sceaux peut à première vue sembler satisfaisant. On ne peut se contenter d'affirmer comme certains que plus on construit de prisons, plus on les remplit. Sinon, cela signifierait que l'on se satisfait de voir huit personnes s'entasser dans des cellules de quatre. Cependant, la loi de programmation justice est, à plus longue vue, contestable, car l'effort porte uniquement sur la cons