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Libération
Interview

«Une certaine dose de mépris»

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publié le 28 décembre 2002 à 2h17

Pierre Bitoun, sociologue, est l'auteur d'Eloge des fonctionnaires. Pour en finir avec le grand matraquage (Calmann-Lévy, 2001).

Nicolas Sarkozy veut appliquer «la culture du résultat» aux fonctionnaires de police. Qu'en pensez-vous ?

Je trouve qu'il y a une certaine dose de mépris dans les propos du ministre. Il fait comme si les policiers étaient tous des fonctionnaires plan-plan, ringards, qui ne se souciaient pas de l'efficacité de leur action. Qui peut croire que les policiers, qu'ils soient chargés d'enquêtes criminelles, de la sécurité routière ou d'enregistrer simplement des plaintes, ne veulent pas des résultats ? C'est tout le contraire évidemment ! Le problème est plutôt, comme ils le répètent depuis des années sous tous les gouvernements, le manque de moyens, la paperasserie, les rapports avec la justice qui freinent ou contrecarrent l'efficacité. Par ailleurs, cette «culture du résultat» ne va-t-elle pas engendrer beaucoup d'effets pervers, comme des enquêtes bâclées pour faire du chiffre ou des risques de bavure ?

Le ministre parle de «révolution culturelle» à propos des primes au mérite...

Sur ce point, je dirais que Sarkozy «se la joue» un peu. Il se gargarise et nous gargarise de grands mots pour faire croire qu'il est un ministre différent de ses prédécesseurs. Alors qu'on est, comme toujours, dans le flou sur les règles devant présider à l'attribution de ces primes. A qui vont-elles aller ? Aux agents à titre individuel ou au service auquel ils appartiennent,