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Libération

Pont-de-Chéruy, ville blanche

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Le maire est accusé de préempter les habitations convoitées par des immigrés.
publié le 5 février 2003 à 22h07

Pont-de-Chéruy envoyé spécial

Les familles turques et maghrébines sont-elles indésirables à Pont-de-Chéruy ? Le maire (divers droite) de cette commune du nord de l'Isère affirme que non. Mais une plainte a été déposée, le 20 décembre 2002, par SOS Racisme, pour discrimination. Des familles accusent le maire, Alain Tuduri, de préempter régulièrement les logements lorsque les acheteurs sont originaires de Turquie ou du Maghreb.

«Humiliée». Sylvia Akdag, jeune française d'origine turque, en a fait plusieurs fois l'expérience. A l'automne 2000, après la visite d'une maison, l'employée de l'agence immobilière la questionne sur ses origines. Puis, elle lui indique : «Monsieur Tuduri ne veut plus d'immigrés car le quota est atteint depuis longtemps sur la commune.» Le maire s'insurge qu'on lui prête de tels propos. «On peut toujours sortir deux ou trois noms d'un chapeau. Mais le mot "quota" est un mot que je bannis de mon vocabulaire. C'est une honte de le prononcer.» Sylvia, écoeurée, a renoncé à l'achat.

Quelques mois plus tard, elle trouve une autre maison, par l'intermédiaire d'une deuxième agence. Cette fois, la responsable, sans parler de quotas, lui conseille de voir le maire, pour obtenir une «autorisation». La rencontre a lieu juste avant la signature du compromis de vente. Alain Tuduri indique à Sylvia que la maison l'intéresse, et la jeune femme lui répond qu'elle est en vente depuis longtemps. L'entrevue tourne à l'orage. Quelques heures plus tard, le notaire refuse de si