Menu
Libération
Interview

«Un chantage omniprésent à l'antisémitisme»

Article réservé aux abonnés
publié le 5 février 2003 à 22h07

Rony Brauman, 52 ans, ex-président de MSF, enseignant à Sciences-Po, essayiste, préfacier de Israël-Palestine, le livre noir, commente le documentaire.

A quoi sert ce «Décryptage», selon vous ?

Il s'agit de se rassurer en projetant d'Israël l'image d'un pays démocratique, acculé à la légitime défense par d'incessantes agressions terroristes. Ce film relègue l'occupation militaire de la Palestine, problème central du conflit, au rang de fait divers subalterne. La violence palestinienne, ainsi détachée de toute cause politique, ne semble inspirée que par une haine absolue, renvoyant d'ailleurs à une malveillance fondamentale du monde entier à l'égard des juifs. Car c'est des juifs qu'il doit s'agir. Les Israéliens n'existent pas dans ce film, pas plus que les Palestiniens. L'accroissement des colonies, le saccage des plantations, les expropriations, les détentions administratives, le quadrillage militaire, le bouclage des villes, la fermeture des écoles, tout cela est oublié. Comme sont oubliés les Israéliens qui résistent à cette politique à la fois criminelle et suicidaire : des associations comme Bet'Selem ou Goush Shalom, des gens comme l'amiral Ami Ayalon ou la journaliste Amira Hass... Ils sont marginalisés, les élections l'ont démontré, mais je veux croire que cette minorité, très plurielle, porte l'avenir. Dans les années 80, il n'y avait qu'une poignée d'Israéliens qui acceptaient l'existence des Palestiniens. Aujourd'hui, il n'y a plus grand monde pour nier ce fait : m