Faire chiant, long et technique. Pour noyer le changement d'attitude du parquet sous les considérations générales. Hier, le procureur de la République Jean-Pierre Bernard a rempli la mission. Il a requis dix mois de prison avec sursis contre Jean-Claude Trichet, ancien directeur du Trésor, actuel gouverneur de la Banque de France, pressenti à la tête de la Banque centrale européenne. Dix mois également pour les autres sommités chargées de la surveillance du Crédit Lyonnais (commissaires aux comptes, responsables du Trésor et de la Banque de France) qui, en 1992, auraient «artificiellement majoré» ses résultats annuels afin de dissimuler l'ampleur de la catastrophe. A titre principal, l'ancien président de la banque, Jean-Yves Haberer, s'est vu suggérer dix-huit mois avec sursis.
En entamant son réquisitoire, Jean-Pierre Bernard est pourtant allé droit au but : «Le parquet a eu deux attitudes successives, c'est une particularité du dossier.» L'an dernier, sous une autre hiérarchie peut-être plus sensible aux intérêts supérieurs du pays, le parquet avait requis un non-lieu en faveur de Trichet. Entre-temps, de nouvelles expertises comptables et un mois de débats judiciaires très techniques ont permis de décanter la situation et de justifier un revirement.
Complicité. Tout tourne autour de la notion de provisions, ces pertes latentes que les banques sont obligées de déclarer avant même leur concrétisation. La Bérézina du Lyonnais étant constituée d'une succession de bombes à reta