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Libération

L'asile quand même pour le ministre tchétchène

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Malgré l'avis défavorable de l'Intérieur, l'ancien ministre du Commerce de Tchétchénie pourra rester en France.
publié le 6 février 2003 à 22h08

A 12 h 30 hier, dans la salle du tribunal administratif de Cergy-Pontoise (Val-d'Oise) dont dépend l'aéroport de Roissy, le Tchétchène Lom-Ali Aldamov était un homme traqué. Depuis son arrivée à Roissy le 18 janvier, le ministère de l'Intérieur avait tout fait pour l'expulser. Voir un homme qui fut ministre du Commerce dans le gouvernement indépendantiste tchétchène entre 1997 et 1999 demander asile en France alors que le président Poutine doit prochainement ­ le 10 février ­ y venir en visite officielle, c'est agaçant. Le visage pâle, les traits tirés, engoncé dans un blouson de cuir, Aldamov trompait l'attente du jugement en évoquant son pays «aux quatre cents villages dont les deux tiers ont été anéantis», sa ville, Grozny, dont «le centre n'est plus que ruines», en parlant avec une cousine réfugiée en France, mais le plus souvent en s'enfonçant dans le silence sous le regard de ceux qui se sont heureusement occupés de lui : le comité Tchétchénie (1) et l'Anafe (Association nationale d'assistance aux frontières pour les étrangers).

Camouflet. A 12 h 35, c'était un homme souriant. Les larmes aux yeux, ce colosse pudique alla jusqu'à serrer dans ses bras sa jeune et frêle avocate, Me Nathalie Vitel, elle aussi les larmes aux yeux. Le juge des référés venait de lui donner raison sur toute la ligne en autorisant son entrée sur le territoire français, lui permettant ainsi de former sa demande d'asile auprès de l'Ofpra. Un camouflet pour le ministère de l'Intérieur qui avait jug