Jamais la célébration de l'Aïd n'a suscité autant de tensions entre l'Etat et le monde musulman. La Coordination des musulmans, association d'obédience républicaine regroupant aussi des mosquées traditionalistes, envisage même de traduire la France devant la Cour européenne des droits de l'homme pour «entrave à la liberté de culte». «Nous agissons au nom de la laïcité, qui implique notamment l'égalité des citoyens devant la loi», explique son président, Abderrahmane Dahmane.
De fait, avec environ 50 % de l'abattage annuel des ovins en Europe, l'Aïd exige une logistique sanitaire lourde et onéreuse (Libération d'hier). Mais, précisément, l'invocation de cet argument sanitaire pour justifier le strict encadrement législatif de l'abattage rituel est de moins en moins acceptée par les musulmans.
Abcès. Ainsi, un responsable de lieu de culte, membre du comité d'organisation du CFCM (Conseil français du culte musulman, monté à la hussarde par Sarkozy en décembre), se déclare «choqué de voir les histoires de tremblante réapparaître chaque année au moment de l'Aïd, comme pour mieux entraver la tradition musulmane». «Je ne vois là aucun signe d'islamophobie, poursuit-il, mais plutôt un manque de responsabilités de la part des pouvoirs publics ainsi que de la part de certains notables musulmans.»
D'année en année, la célébration de l'Aïd el-Kébir Fête du mouton commémorant le sacrifice d'Abraham, selon le Coran devient un abcès de fixation entre pouvoirs publics et représentants du m