Menu
Libération

Sept juges contre le «droit de veto» de la mère

Article réservé aux abonnés
Extraits des arguments de la minorité de la Cour européenne des droits de l'homme.
par
publié le 14 février 2003 à 22h14

En désaccord avec la décision de leurs dix collègues, les sept juges ­ suisse, britannique, maltais, chypriote, portugais, belge et finlandais ­ expliquent pourquoi, selon eux, il fallait condamner la France.

«La mère dispose d'un droit purement discrétionnaire de mettre au monde un enfant en souffrance et de le condamner, pour toute sa vie, à l'ignorance. Il ne s'agit donc en aucune manière d'un système mixte assurant un quelconque équilibre entre les droits en présence.

Le "droit de veto" pur et simple reconnu à la mère par la loi française entraîne pour effet que les droits de l'enfant, reconnus dans l'économie générale de la convention, sont entièrement négligés, oubliés. En outre, la mère peut aussi paralyser les droits des tiers, notamment ceux du père biologique ou des frères et soeurs. [...] La cour semble attacher une importance décisive au fait que Pascale Odièvre est dotée d'une filiation adoptive, laissant entendre que la recherche de sa mère biologique serait superflue, voire inutile. Nous ne partageons pas cette appréciation.

La cour invoque la nécessité d'éviter les avortements clandestins. Or il n'est pas établi qu'il y ait une élévation du nombre d'avortements ni d'infanticides dans la majorité des pays du Conseil de l'Europe qui ne possède pas une législation du type français. [...] Nous sommes fermement convaincus que le droit à l'identité, comme condition essentielle du droit à l'autonomie, fait partie du noyau dur du droit au respect de la vie privée. Aucun