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Libération

«Saucissonner un mec, ce n'est pas une solution»

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publié le 18 février 2003 à 22h21

A eux deux, ils totalisent plus d'un demi-siècle dans la police. Patrice et Claude ont travaillé sur la «voie publique» avant d'intégrer la Police aux frontières (PAF), où ils sont chargés d'escorter les sans-papiers durant tous leurs déplacements entre les centres de rétention et les tribunaux et aussi lors de leur reconduite hors des frontières.

La première reconduite

Patrice. «C'était une Africaine. Elle avait 40 ans. On l'a montée de force dans l'avion. Elle était agitée. Arrivée dans le pays, il y avait un gros policier qui l'attendait. Il lui a dit : "Viens là." Elle l'a suivi sans dire un mot. Les sans-papiers savent bien que dans certains pays où ils sont reconduits, ça ne rigole pas avec la police.»

La psychologie

Patrice. «Quand on ramène quelqu'un dans son pays, très souvent, on lui dit : "Si tu te tiens tranquille, on balance les procédures qui ont été engagées contre toi en France." Ça aide à convaincre les gens quand on leur dit "on oubliera le parcmètre que tu as fracturé chez nous quand nous serons devant la police de ton pays".»

Claude. «A l'Unesi (l'unité de la PAF spécialisée dans les reconduites, ndlr), ils prennent en charge les gens dix minutes avant de monter dans l'avion. Ils n'ont pas le temps de connaître ceux qu'ils reconduisent. Nous, on milite pour une prise en charge dès le centre de rétention jusqu'au départ. Au moins, tu as le temps de discuter avec eux durant les escortes.»

Patrice. «On parle, on boit le café, on leur offre des cigarettes. Nous, on