Des chiffres glaçants. Selon les projections qui circulent au ministère de la Justice, les détenus seront, au début de l'été, 62 000 à s'entasser dans 47 000 places de prison (45 000 en fait, compte tenu des cellules «doublées»). Du jamais vu depuis la sortie de la guerre, à la suite de l'épuration. En février 2002, ils étaient 50 310, et, chaque mois depuis un an, les effectifs carcéraux gonflent de 1 000 personnes. Chacun, magistrat, surveillant, directeur de prison, a son analyse sur le phénomène, avec en premier lieu le thème de l'insécurité, largement développé durant les élections et mis en avant depuis par le gouvernement. Pourtant, à la centrale de Clairvaux, où se purgent les longues pei nes, la surpopulation n'est pas en cause. Mais plutôt la tendance inquiétante, depuis quel ques années, à l'allongement des peines. Les statistiques le montrent : de 1973 à 1998, la durée moyenne de détention a presque doublé. Et, de 1978 à 1998, le nombre de détenus exécutant une condamnation à perpétuité a également doublé.
Echelle à revoir. Ce n'est pas tout. Depuis un an, les libérations conditionnelles reculent, passant de 5 680 en 2001 à 4 876 pour l'année de 2002. Le tout conjugué risque de mener droit à la catastrophe. Pour François Hulot, le secrétaire général de la CGT pénitentiaire, «il faut avoir le courage de revoir l'échelle des peines, de dire que les longues peines auxquelles s'ajoutent de longues périodes de sûreté n'arrangent en rien la société». Son syndicat milite