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Libération

Vingt ans après les faits, Hakkar entame son vrai procès

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Il a été imposé par la Cour européenne des droits de l'homme.
publié le 20 février 2003 à 22h26

«Que faisiez-vous le 30 août 1984 ?» Depuis hier, la cour d'assises de Nanterre cuisine Abdelhamid Hakkar, 48 ans, sur son emploi du temps de cette journée-là. Sur des faits vieux de près de vingt ans. Ce procès est une première judiciaire en France, et une étrange victoire pour celui qui occupe le box des accusés : au terme d'un combat procédural obstiné, passant par une condamnation de la France par la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH), il a obtenu d'être rejugé par une deuxième cour d'assises. En 1989, celle de l'Yonne l'avait condamné à une peine de réclusion criminelle à perpétuité, assortie d'une période de sûreté de dix-huit ans, pour avoir tué un policier et en avoir très grièvement blessé un autre.

Commis d'office. Svelte dans son costume gris et col roulé noir, Abdelhamid Hakkar revient sur cette condamnation, à la demande de la présidente. «L'avocat que j'avais régulièrement choisi et désigné ne pouvait être présent à l'audience. Nous avions donc demandé un renvoi de l'affaire, mais le président a refusé.» Deux avocats furent alors commis d'office et réclamèrent aussitôt un report du procès. Nouveau refus du président. Abdelhamid Hakkar avait alors quitté la salle et ordonné à ses avocats commis d'office de rester muets. C'est sur cette base que la CEDH a considéré, en 1995, que les droits de la défense avaient été violés et que le condamné devait être libéré en attendant une révision de son procès.

La France a mis du temps à s'exécuter, malgré les interv