Tribunal correctionnel d'Evry
Depuis un bon moment, le président interroge Djafar, 19 ans. Il y a six mois, quatre gamins de 10 ans ont été rossés par une bande après avoir défendu une fille contre des types qui l'importunaient. Seul Djafar a été arrêté. Il nie : «Je suis intervenu pour les aider !» Le président répète : «Deux des jeunes vous ont formellement reconnu et personne ne vous a vu jouer ce rôle de temporisateur ! Seuls une femme et un couple d'Africains sont intervenus pour les protéger.» «J'ai deux témoins», lance Djafar. «Mais l'un a disparu, reprend le juge, et l'autre, bien connu de ce tribunal, a dit n'avoir rien vu que des petits en sang et, n'étant pas curieux, il a tourné la tête... Celui-là, s'il voit une fille se faire agresser, on est sûr qu'il ne l'aidera pas !»
Le procureur fait un long discours : «Voilà des garçons empêchés d'ennuyer une fille sur leur territoire et ça leur est intolérable ! Ils en appellent à la solidarité de leurs copains, mais, transformant ce beau sentiment en négatif, prennent des bâtons et se précipitent à quinze sur quatre enfants qui ont osé les défier !» Du fond de la salle, monte un brouhaha et le président crie : «Déguerpissez !» Le procureur renchérit : «Ça n'a rien d'autre à faire que de glander ! J'ai demandé aux policiers d'intervenir et je vais faire procéder à des contrôles d'identité, car je sens un public très particulier.» Le président ricane : «Oui... Ce sont les quatorze autres !» Et le procureur fixe Djafar : «Je