Dépôt de plainte auprès de la DGCCRF (Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes) et du conseil de l'ordre des médecins, menaces de sanctions financières... La caisse primaire d'assurance maladie des Deux-Sèvres (Cpam) est partie en guerre ouverte contre les spécialistes qui appliquent «allégrement et abusivement» des dépassements d'honoraires pour «augmenter de façon sauvage leur rémunération globale».
Au moins 15 spécialistes, sur les 160 que compte le département, sont potentiellement concernés par ces mesures, estime Yves Lucas, directeur de la Cpam. Et il raconte, visiblement très choqué : «C'est de pire en pire. Au début, on voyait des dépassements de 7 euros, maintenant ils peuvent atteindre 15, 20 euros. Certains médecins taxent dès qu'ils sont au-delà des 35 heures hebdomadaires, d'autres, systématiquement. Il y a ici un psychiatre qui prend soit 15 soit 25 euros de plus par consultation. En fait, il a aménagé le système pour obtenir la rémunération qu'il estime mériter ! Et cela aux dépens d'une population fragilisée, souvent pas prise en charge par les mutuelles. Ce n'est pas tolérable.» Un exemple parmi d'autres dans le département : un ophtalmologiste exige des dépassements pour un patient atteint de glaucome alors que l'intéressé demande ses rendez-vous trois à quatre mois à l'avance sans imposer date et horaire. Autre cas, celui d'un gynécologue qui facture un DE (dépassement d'exigence) pour une simple échographie.