«Marrant, comme l'histoire se répète, dit la mère, moi aussi j'ai dû changer de collège en 6e : elle m'avait traité de sale youpine, je l'ai traitée de sale pute.» Marrant, c'est une façon de parler, parce que Sylvie, la mère de Laurent qui a dû partir de son collège du XXe arrondissement où on le traitait de «sale juif», d'«Ariel Charogne» n'a pas l'air de beaucoup se marrer, dans ce café près de la Madeleine. Une très jolie femme brune, dont les mains tremblent, légèrement agressive, bouleversée parce qu'elle appelle «le drame» et par la dépression à contrecoup de son petit garçon de 11 ans. «Depuis qu'il a changé de collège, en janvier, j'avais pourtant retrouvé un garçon qui rigole, qui dort, qui a plein de copains.»
Médusés. Aujourd'hui, Laurent voit un psy, travaille toujours bien dans ce grand lycée coté du XXe arrondissement où il a atterri, après que les responsables du collège où il avait commencé sa sixième ont estimé ne «plus pouvoir assurer sa sécurité». En décembre, juste avant les vacances de Noël, les parents, elle secrétaire, lui musicien, ont été convoqués par les conseillers principaux d'éducation : «Ils nous ont dit être très inquiets pour Laurent, qu'ils ne pouvaient pas le laisser vivre un calvaire pareil, et, la mort dans l'âme, qu'il fallait le changer de collège.»
Les parents sont médusés. Et apprennent que depuis septembre, leur fils, très bon élève, «sensible, qui aime l'école mais qui n'est pas aimé dans sa classe», selon le proviseur, Antoinette Ch