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Libération

Pour la mairie de Lyon, les Roms ne méritent pas une villa abandonnée

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Six familles, relogées par une association, menacées d'expulsion.
publié le 11 mars 2003 à 21h58

à Lyon

La villa a dû connaître des jours bourgeois. En témoignent les cheminées en marbre et les restes de moulures au plafond. Mais elle est abandonnée depuis douze ans. La rambarde en fer forgé du perron s'écroule, et une fuite d'eau goutte dans le hall d'entrée. Lubo et Sneja ont réaménagé dans une des pièces un semblant de foyer. Ils ont mis des bibelots et ont accroché aux murs des images de Noël, «pour les filles».

Après le bidonville. Ils se sont installés ici fin décembre, avec cinq autres familles de Roms, comme eux demandeurs d'asile politique. Ils ont défini un règlement intérieur strict et mis en place une forme d'autogestion, basée sur le respect des lieux. «On est bien ici, disent-ils, c'est mieux que le bidonville de Vaulx-en-Velin.» Le problème est que la villa appartient à la communauté urbaine de Lyon.

Le 21 février, sollicitée par le maire socialiste de Lyon Gérard Collomb, elle a demandé leur expulsion devant le tribunal. La décision doit être rendue aujourd'hui. Lubo et Sneja sont inquiets. Le couple est arrivé de Belgrade l'été dernier, sans bagages ni argent. «Etre rom en Serbie, c'était devenu impossible», résume Sneja. Alors ils ont quitté leur travail et vendu leur maison. Pendant plusieurs mois, ils ont vécu avec leurs deux petites filles dans le bidonville de Vaulx-en-Velin, dans la banlieue est de Lyon. Dans des conditions déplorables, sans eau ni électricité. En décembre, le bidonville a été évacué et ils ont été relogés dans un foyer à Mont-Saint-