envoyé spécial à Dole
D'elle, on sait peu de chose. Elle disait s'appeler Stella Steven, avoir 20 ans et être de nationalité nigériane. Sur l'unique photo qu'elle a laissée, Stella est coiffée d'un bandana étoilé et vêtue d'une chemise en jean. Elle porte ses longs cheveux détachés et regarde devant elle. Stella Steven se prostituait à Dole, 26 000 habitants, avec une autre Nigériane et une Sierra-Léonaise, guère plus âgées qu'elle.
Le 24 janvier au matin, Stella était couchée dans sa chambre d'hôtel, près de la gare. Elle avait très mal au ventre. Ses copines africaines ont donné l'alerte. Transportée à l'hôpital, Stella est morte d'un choc septique. L'autopsie a révélé une lésion du col de l'utérus et l'absorption de nombreux comprimés de Cytotec, médicament prescrit pour les ulcères à l'estomac mais aussi employé lors d'interruptions de grossesse. Stella était enceinte d'un mois. Ses amies savaient qu'elle voulait avorter mais pas qu'elle avait tenté de le faire comme a conclu le parquet de Dole.
Jonquilles. Stella Steven a été inhumée dans le carré des indigents du cimetière communal. C'est une parcelle de pelouse jaunie par l'hiver où sont alignés des monticules de terre surmontés de plaques de bois avec des noms. A l'endroit où repose la jeune fille, il y a des fleurs en tissu, un bouquet de jonquilles et de gros coeurs en plastique rouge qui ressemblent aux pommes d'amour de la fête foraine. Une Doloise, Thérèse Lecroc, est venue y déposer un gros bouquet le jour de la S